Réflexion et analyse suite aux attentats à Paris et Région Parisienne

Bernard

Du 07 janvier au 09 janvier 2015, « Je suis Charlie » ; « Nous sommes Charlie » ; « Nous sommes juifs », « nous sommes policiers » ; « pas en mon nom » « Non à la Barbarie », « non à la peur » etc.

Voilà les inscriptions que l’on peut voir un peu partout en ce début janvier, une année 2015 qui commence durement.

SAM_3696-modif

LES FAITS TRAGIQUES

En effet, des événements tragiques se sont enchaînés du mercredi 07 janvier au vendredi 09 janvier 2015 :

  • attentat meurtrier au siège de Charlie Hebdo (Paris 11ème) dans la salle de Rédaction, commis par les frères Chérif et Saïd Kouachi le 07 janvier à 11H30(qui criaient « Allah Akbar, le prophète est vengé ») qui ont été finalement «abattus» à 40km de Paris à Dammartin en Goële -Oise- le 09/01. Ils avaient dit qu’ils voulaient « mourir en martyr »Le bilan fut dramatique : 12 morts : Charb, Wolinski, Cabu, Philippe Honoré, Bernard Verlhac – Tignous-, Bernard Maris, Mustapha Ourad, Michel Renaud, Elsa Cayat, Frédéric Boisseau, 2 policiers -Ahmed Merabet et Franck Brinsolaro-, Parmi eux, Charb disait : «  je préfère mourir debout que vivre à genoux ». Comme ses collègues, il a été fidèle, à la lettre, à cette philosophie de vie.

  • Attentat à Montrouge/Porte de Chatillon, le 08 à 8H30, autre bilan tragique : 1 mort ( Policière stagiaire de 23 ans, Clarissa Jean-Philippe-)

  • Attentat dans un hypermarché Cacher à Vincennes le vendredi 09 janvier vers 12-13H fait par Amedy Koulibali, un autre terroriste qui s’est avéré agir en concertation avec les deux frères Kouachi. Il a été tué à 16H30 et a lui-même tué 4 clients de l’hypermarché auparavant (Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada, Philippe Braham). Il avait dit qu’il voulait « mourir en martyr »

LES REACTIONS & LES DIFFERENTS AVIS EXPRIMES

Un grand mouvement populaire de solidarité et fraternité s’est exprimé dès mercredi soir pour condamner d’abord cette entrave à la liberté d’expression et à la liberté tout court, puis, plus tard, condamner le meurtre de la policière et des quatre clients du supermarché casher.

Puis des manifestations/défilés un peu partout en France. A paris, 1,5 million de personnes. En Bretagne, citons Guichen-Pont Réan le dimanche à 11H30,, à Rennes , l’après midi de 15H à 18H : 115000 personnes, impressionnant et réconfortant, tout ceci est porteur d’espoir.

Avis faisant une certaine unanimité :

  • important qu’aucun amalgame ne soit fait,

  • important que le monde musulman français (et international) empêche tout extrémisme en

son sein,

  • risque que, face à un acte anti-démocratique assassin de cette ampleur (attentat meurtrier), il y ait une réplique par d’autres actes anti-démocratiques (risque de répression, de dictature,…),

  • être plus vigilant, développer plus la coopérativité internationale,

  • s’occuper mieux de nos jeunes, de leur éducation, de leurs préoccupations…Éviter que quelques-uns arrivent d’abord au mépris d’eux-mêmes qui se transforme ensuite chez certains, à la haine des autres…

Avis « marginaux » :

  • Certains disent qu’il faut que les jeunes qui partent de France faire le Djihad en Syrie, en Irak ou ailleurs ne puissent pas revenir et que s’ils reviennent, ils seront condamnés à la prison à vie….voire, disent certains, directement condamnés à mort,

  • d’autres parlent de « théorie du complot »-qui vient d’internet- : que, comme pour les tours jumelles (événement du 11 septembre 2011), ce ne sont pas des terroristes affiliés à Al Kaïda ni aujourd’hui des Djihadistes de l’état islamique, mais la CIA…ou les sionistes… et pas du tout les extrémistes islamiques…..même les décapitations ne seraient pas faites par Daech mais par des agents CIA ou autres,

  • d’autres qu’il ne faut pas aller aux manifestations et défilés, que ça ne sert à rien, d’autres qu’ils n’y a pas à dire ou écrire «  je suis Charlie » argumentant que peu le lisent et savent ce que c’est, d’autres encore qu’il faut plutôt dire « je ne suis pas Charlie » ou encore : « nous sommes les frères Kouachi » ou encore la déclaration de Dieudonné : « je me sens Charlie Koulibaly » (plainte a été déposée contre lui à ce sujet)

SYNTHESE & QUE FAIRE ?

DSC_4205

Discutons d’abord de ces opinions « marginales »

  • Nous sommes dans un pays dans lequel la peine de mort a été abolie depuis 1981 au nom du respect absolu de l’être humain ( voir les plaidoiries de Robert Badinter), enfin, avec de très longues peines, il faudrait maintenir un isolement strict avec les autres détenus ainsi que surveiller toute visite au parloir.

  • Quant à la théorie du complot, diffusée par internet, c’est une « manière de penser » qui existe probablement depuis que l’homme est l’homme. Elle consiste à attribuer à d’autres la responsabilité des événements que l’on ne veut pas voir attribués à certains pour des raisons qui peuvent être réelles et vérifiables mais parfois pour des raisons partisanes idéologiques ou non injustifiables par des faits objectifs.

  • Cette théorie du complot circule actuellement sur internet et est reprise par certains jeunes (et moins jeunes). Ainsi, par exemple, dans un lycée, un professeur a indiqué que 3-4 élèves y adhéraient et d’ailleurs, dans plusieurs cas des élèves ont refusé d’observer une minute de silence à la mémoire des 17 victimes. De cela dérivent quelques unes des déclarations négationistes relatées plus haut.

  • Concernant ces attentats : les faits et les preuves objectifs accumulés orientent tous vers la piste d’attentats commis par des individus affiliés à l’extrémisme djihadiste de Daesch.

Que faire pour que des événements analogues ne se renouvellent pas ?

Un responsable des forces du « Raid » (Amaury de Hautecloque) dit qu’on ne peut pas parler avec ces terroristes, ils sont trop embrigadés, ils sont dans un autre monde (aux frontières de la folie?), ils ont été « conditionnés » même pour « mourir en martyr ».

Comment cela se fait-il ?

  • Internet et les réseaux sociaux semblent être des vecteurs importants. En effet, des sujets influençables ou en rupture avec la société sont souvent la cible par des extrémistes et sont sensibles aux sirènes de l’extrémisme.
    Ainsi, souvent ces personnes influençables ont une très mauvaise estime d’eux-mêmes qui débouche même vers le mépris d’eux-mêmes pour aboutir, à l’aide de certaines influences (internet et autres) à la haine des autres hommes.

  • c’est un facteur de risque lorsque les personnes arrêtées pour des faits mineurs sont en contact, dans les prisons avec des « formateurs » à ce type d’idéologie djihadiste

Il est crucial de donner de l’espoir à nos jeunes « défavorisés », d’essayer de les comprendre, de les écouter, de les amener vers des projets de vie adaptés à eux mêmes et les intégrant dans la vie sociale. L’éducation, donc la formation est essentielle.

Ainsi, ayant de l’estime pour eux-mêmes ils seront tournés vers l’estime d’autrui et seront complètement « imperméables » à ces influences destructrices émanant des extrémistes djihadistes

Pour ceux qui séjournent en prison (pour raisons mineures), il sera également important de les isoler d’influences néfastes au sein même de la prison et de les amener, progressivement à s’estimer eux même pour s’intégrer au dialogue avec la société.

Concernant les sujets emprisonnés pour motifs meurtriers et/ou islamistes radicaux, il faudra les isoler totalement dans un premier temps.

Par ailleurs, pour nous protéger des sujets motivés pour commettre des attentats, il faudra accentuer notre vigilance, notre coopération internationale entre services secrets.

Toutes ces améliorations seraient à mettre en place par les personnes qui, normalement, sont en position de par leur élection, pour les réaliser.

Certaines prises de position sont intéressantes soit en terme de sagesse soit de pistes nouvelles :

  • « Entre deux possibilités, la haine et la peur, il faut choisir la troisième ( D. Cohn-Bendit)

  • «  Nous défendons la laïcité » ( Gérard Briard, rédacteur de Charlie Hebdo)

  • « Je souhaite qu’aujourd’hui souffle l’esprit du vivre-ensemble» ( Roger Cukierman, Pdt du Crif)

  • « Il faut demander une charte de droit au blasphème » (Christophe Deloir, Reporters sans frontières)

Il est important de souligner qu’il ne faut pas faire d’amalgame qui ne peut conduire qu’à la haine, la xénophobie, l’antisémitisme et l’islamophobie. Toutes les catégories sociales et culturelles peuvent être « djihadisées », comme l’actualité nous l’a démontré : il suffit pour cela de terrains psychologiques fragilisés et de conditions environnementales défavorables. A nous de mettre en place un système social et éducatif capable de protéger les uns et les autres dans leurs espoirs de vie. La liberté, l’égalité, la fraternité sont essentielles.

Par Bernard Saïag le 10/01/15

 Photos prises à Rennes le  09 et le 11/01/15

2 réflexions sur “Réflexion et analyse suite aux attentats à Paris et Région Parisienne

    • Bernard 24 février 2015 / 16 h 56 min

      Merci Clément , nous te remercions pour ton commentaire. Deux points sont probablement importants: les influences des co-détenus en prison lors des incarcérations et l’absence d’esprit critique face à certains sites présents sur internet. Bernard et André J.G

Laisser un commentaire